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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

Black Phone [CRITIQUE]

Dernière mise à jour : 22 janv. 2023

Après L'Exorcisme d'Emily Rose (2005), Sinister (2012) et Délivre-nous du mal (2014), Scott Derrickson renoue avec le genre horrifique qu'il avait délaissé le temps d'un passage chez Marvel pour réaliser Doctor Strange (2016) avec son nouveau film Black Phone.





Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, timide mais intelligent, est enlevé par un tueur sadique qui l'enferme dans un sous-sol insonorisé où s'époumoner n'est pas d'une grande utilité. Quand un téléphone accroché au mur, pourtant hors d'usage, se met à sonner, Finney va découvrir qu'il est en contact avec les voix des précédentes victimes de son ravisseur. Ils sont aussi morts que bien résolus à ce que leur triste sort ne devienne pas celui de Finney.







Pour son sixième long-métrage, Scott Derrickson a choisi d'adapter la nouvelle "Le téléphone noir", dont l'auteur n'est autre que Joe Hill, le fils de Stephen King. Marquée par une ambiance oppressante et angoissante, la nouvelle parvient à intriguer mais laisse un certain goût d'inachevé. En s'appropriant l'histoire en y mêlant ses souvenirs d'enfance et en ajoutant des scènes qui pourraient tout aussi bien être des scènes coupées, ou plutôt des chapitres coupés de la nouvelle, Derrickson livre un film d'horreur / thriller prenant.

Il y a un juste équilibre entre les moments dramatiques, les quelques pointes de légèreté apportées par les dialogues entre Finney et sa sœur Gwen et les passages horrifiques, avec des jumpscares peu nombreux classiques mais efficaces. Des scènes qui auraient pu aisément tourner au ridicule sont finalement réussies grâce à une ambiance inquiétante bien mise en place et une tension qui monte au fur et à mesure que l'histoire avance. La bande sonore et la musique apportent une petite note en plus qui renforce l'intensité de certaines scènes.

Si le film fonctionne aussi bien, c'est aussi grâce à ses acteurs. Mason Thames est convaincant dans le rôle de Finney et le duo qu'il forme avec Madeleine McGraw, qui joue sa sœur à l'écran, est attachant. Mais celui que l'on retient et sur lequel repose en grande partie le film, c'est Ethan Hawke, l'Attrapeur. Hawke est glaçant dans le rôle de ce personnage qui intrigue et terrorise, des sentiments qui ne seraient sans doute pas aussi fort sans le masque, accessoire iconique qui n'existe pas dans la nouvelle.

Le masque fonctionne à la fois comme une manière de se cacher et de se dévoiler. L'Attrapeur porte des masques différents selon la situation, ce qui permet d'avoir une idée de son état d'esprit mais il veille à ne jamais montrer entièrement son visage. L'esthétique du masque contribue à diaboliser le personnage, à en faire une incarnation du mal où l'humain laisse place à une forme d'animalité sauvage et brutale. Mais l'absence de visage clairement identifiable permet aussi de mettre en évidence que n'importe qui peut être un être monstrueux.

Certes, certains spectateurs pourront regretter que la fin n'apporte pas toutes les réponses aux questions que l'on peut se poser devant le film qui reste très mystérieux sur certains aspects, que ce soit sur le personnage de l'Attrapeur ou sur le surnaturel, mais il n'en reste pas moins que c'est plus clair que la nouvelle et que le fameux téléphone noir joue ici un rôle plus important et plus intéressant.

Black Phone est un film qui invite les spectateurs à faire leur propre interprétation par rapport à ce qui leur est montré et il devient d'autant plus intéressant si on le considère comme une œuvre sur la violence. C'est en effet ce thème qui constitue le fil rouge de l'intrigue, avec les personnages de Finney et Gwen qui sont confrontés malgré eux à un environnement violent et ce qu'ils soient chez eux, dans la rue ou à l'école. Il y a notamment cette idée d'une violence latente chez les individus qui peut s'exprimer à n'importe quel moment de la vie, à des degrés plus ou moins élevés et aux conséquences plus ou moins lourdes qui ne trouve pas toujours d'explications sensées, l'être humain est capable du pire sans aucune raison valable.

Avec Black Phone, Scott Derrickson propose un long-métrage à la croisée des genres, entre drame familial, thriller policier et horreur, qui parvient à faire frissonner et à être efficace sans pour autant surpasser l'incroyable Sinister.

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