top of page
  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

Dune - Deuxième partie [CRITIQUE]

Dernière mise à jour : 12 mai

Trois ans après la sortie du premier film, la suite de l'adaptation du roman Dune par Denis Villeneuve est enfin arrivé dans les salles obscures mais est-il parvenu à combler les lacunes de son prédécesseur, qui était décevant sans pour autant être catastrophique ?

affiche du film dune - deuxième partie





Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.








Dune - Deuxième partie s'ouvre sur une séquence réussie et visuellement époustouflante. Le retour sur Arrakis se fait dans la foulée de la clôture du premier opus, probablement quelques heures après. Paul et sa mère Jessica, accompagnés par les Fremen, se retrouvent face à des soldats Harkonnen alors qu'une éclipse a lieu, plongeant alors le décor dans une lueur orangée qui sied à merveille au désert. Les effets visuels sont parfaitement exécutés, avec des mouvements pour les soldats des Harkonnen d'une fluidité impressionnante, et l'action est lisible. En voyant ces premières minutes, il y avait de quoi espérer que cette suite saurait gommer les imperfections de son prédécesseur et permettrait à l'histoire de prendre un nouvel élan mais il n'en est rien.


En réalité, hormis une intrigue qui avance, même si cela se fait de manière paradoxale car tout est tantôt trop rapide, tantôt trop lent selon les circonstances, les points forts et les points faibles de ce film sont les mêmes que pour Dune - Première partie.


Visuellement, il y a de très bonnes choses, tout d'abord en termes de mise en scène. En effet, Denis Villeneuve nous livre plusieurs plans sublimes, parsemés par moments de jolis effets visuels, que ce soit avec les vers des sables géants ou les différents véhicules. Hormis la ville d'Arrakeen dont l'aspect fait un peu trop synthétique, le reste paraît vraisemblable et fait qu'on y croit tant le travail sur les textures est réussi. Toutefois, si le début laissait penser que les couleurs seraient un peu plus saturées, il n'en est rien et les tons ternes sont omniprésents, ce qui est bien dommage.


Du côté de la bande originale, même s'il y a encore et toujours des musiques peu agréables à l'oreille et que ça manque toujours de piment, d'un côté épique qui se devrait d'être beaucoup plus présent, il y a du mieux du côté de la bande originale. Hans Zimmer a composé des thèmes plus marquants tels que "Beginnings Are Such Delicate" ou "A Time of Quiet Between The Storms", associés au désert et aux Fremen, qui permettent à des scènes de vraiment embarquer le spectateur dans un flot d'émotions fortes.


Qui plus est, Dune - Deuxième partie bénéficie une nouvelle fois d'un très bon casting, que ce soit avec Timothée Chalamet, Zendaya, Javier Bardem, Stellan Skarsgård, Austin Butler mais aussi et surtout Rebecca Ferguson, qui se démarque ici avec une performance remarquable faisant de Jessica le personnage le plus intéressant et voire même le plus menaçant. Cependant, un bon casting ne suffit pas à rendre une histoire exceptionnelle et ce film en est la preuve.


Paul (Timothée Chalamet) affronte  Feyd-Rautha Harkonnen (Austin Butler) sous les yeux de Gurney (Josh Brolin), Stilgar (Javier Bardem) et Jessica (Rebecca Ferguson) dans le film Dune Deuxième Partie
Paul (Timothée Chalamet) affronte Feyd-Rautha Harkonnen (Austin Butler) sous les yeux de Gurney (Josh Brolin), Stilgar (Javier Bardem) et Jessica (Rebecca Ferguson) dans une scène de Dune - Deuxième Partie - © Warner Bros. Entertainment Inc.

En effet, l'un des plus gros problèmes de cette adaptation en plusieurs parties de Dune reste son histoire. C'est toujours aussi fouillis, avec de nouveaux personnages qui apparaissent de nulle part, des anciens qui reviennent avec des explications expéditives ou d'autres qui sont tombés dans l'oubli, coupés au montage. Par ailleurs, comme dit plus haut, le spectateur est face à un film qui semble haché du fait d'une histoire qui prend du temps à certains moments tandis que d'autres passages sont expéditifs. Le running gag "Lisan al Gaib" avec Stilgar, c'est drôle la première heure mais ça finit par lasser au bout d'un moment, même si ça illustre la question du fanatisme religieux, et ça aurait gagné à être moins présent. A l'inverse, il est difficile d'accepter une scène où Chani explique à Paul qu'il est peu probable qu'il puisse chevaucher un ver géant car il n'est pas un Fremen et, à peine 15 min plus tard, assister à la séquence du grand jour où Paul doit chevaucher son premier ver après avoir suivi un entraînement rigoureux grâce à Stilgar d'après les dires des personnages.


Cela arrive à plusieurs reprises et le fait d'avoir une intrigue qui se déroule sur une durée restreinte, quelques semaines, quelques mois, alors qu'il s'agit de plusieurs années dans le roman, empêchent aux scènes de fonctionner correctement. C'est notamment pour cette raison que le film peine à convaincre en termes d'émotions car le spectateur n'a pas le temps de s'attacher aux personnages, d'autant plus que le danger n'est pas assez fort. Par exemple, lorsque Stilgar demande à Paul de traverser le désert en lui recommandant de se méfier d'un certain type d'araignées et de mille-pattes, on peut s'attendre à avoir un aperçu de ces menaces mais il n'en sera rien et on suppose que la traversée se fait sans encombre vu que c'est, comme le reste, survolé.


Ainsi, étant donné que le héros doit affronter des épreuves qui ne sont que très rarement montrées dans leur entièreté et dont la menace semble faible, il est difficile de se sentir proche de lui et de sa quête car il ne semble pas y avoir de difficulté particulière ou de danger véritablement mortel. Ce n'est que lors du duel final, qui s'avère être l'une des meilleures scènes du film, avec une absence de musique qui contribue étonnement à rendre la scène plus étouffante, que Paul se retrouve véritablement confronté à une menace mortelle. Cependant, le personnage a tellement changé qu'il est alors difficile d'éprouver de l'empathie pour lui tant et si bien que son sort importe peu.


Ce manque d'émotions se ressent également dans des scènes qui se veulent plus impactantes. Si lors des combats le spectateur se retrouve en pleine immersion et vibre aux côtés des personnages, les séquences sensées être plus touchantes ne le sont pas assez, à l'image de la destruction d'un lieu emblématique qui est impressionnant par la force de frappe mais pas puissant émotionnellement. Sans dévoiler le passage mais pour exprimer un peu plus clairement le ressenti, on est par exemple loin de l'impact ressenti devant la séquence de destruction de l'arbre-maison dans Avatar alors que c'est un lieu tout autant symbolique qui est touché dans le moment évoqué ici dans ce second volet de Dune.


Enfin, il est une nouvelle fois bien dommage que plusieurs éléments restent une nouvelle fois sans explication : qui sont les êtres avec des cornes dans l'arène ? Quelle est la symbolique des couleurs et des tenues dans l'ordre du Bene Gesserit ? Pourquoi le langage guttural utilisé sur Giedi Prime n'est pas aussi la langue parlée par les Harkonnen ? Tant de mystères qui ne peuvent pas être forcément développés dans le détail dans un long-métrage mais qui auraient néanmoins mérités plus d'attention.


Ainsi, malgré de beaux visuels et de bonnes idées, Dune - Deuxième partie ne parvient pas non plus à convaincre, d'autant plus que Villeneuve n'a pas pris la peine de terminer correctement son histoire et a laissé la porte grande ouverte pour la suite. Cependant, au vu du résultat, il semble préférable de s'en tenir au cycle littéraire de Dune de Frank Herbert afin de véritablement profiter de cet univers et de sa richesse.

18 vues0 commentaire

Comments


bottom of page