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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

La Morsure [CRITIQUE]

Premier long-métrage de Romain de Saint-Blanquat, La Morsure tente une approche originale du récit initiatique à travers l'utilisation du fantastique et de la figure du vampire sans jamais parvenir à convaincre.


image tirée du film La Morsure
© EASY TIGER - BNP PARIBAS PICTURES

1967, pendant le Mardi gras. Françoise, 17 ans, est pensionnaire d’un lycée catholique. Persuadée qu’il ne lui reste qu’une seule nuit avant sa mort, elle fait le mur avec son amie Delphine pour se rendre à une fête costumée et pouvoir vivre cette nuit comme la dernière.


Après une première scène de rêve supposé prémonitoire plutôt envoûtante et intrigante avec un montage où les plans se succèdent à un rythme effrénée, La Morsure adopte par la suite une cadence beaucoup plus calme. Le film est alors lent, trop lent même et finit par s'étirer en longueurs alors qu'il dure à peine 1h30.


Cette impression est renforcée par des dialogues très articulés et qui donnent la sensation d'être récités. Certes, l'intrigue se déroule dans les années 1960 et le langage n'était pas tout à fait le même qu'aujourd'hui mais cela semble un peu trop forcé, rendant le tout moins naturel et, de fait, moins crédible.


Qui plus est, l'ouverture du film ainsi que certains détails, tels que la cicatrice de Maurice ou le personnage avec le masque de squelette, laissent supposer l'arrivée de plusieurs rebondissements au cours de l'histoire. Seulement, il n'en sera rien et il faut bien avouer que cela laisse un goût d'inachevé tant on ne comprend pas l'intérêt d'introduire ces éléments si c'est pour ne pas les utiliser par la suite.


L'histoire perd en continuité logique et s'il est supposé y avoir du fantastique, que ce soit avec certains lieux, en particulier la forêt, ou le personnage de Christophe, qui se présente comme un vampire, La Morsure semble plutôt être un film proprement réaliste, un récit initiatique où il est seulement question d'adolescents faisant leur crise alors qu'ils se cherchent et veulent s'émanciper, profiter de la vie tant qu'ils le peuvent encore avant de devoir inévitablement passer à l'âge adulte.


Ainsi, Romain de Saint-Blanquat aurait dû se contenter d'un récit sans fantastique car, finalement, cela vient encombrer son histoire pour pas grand chose. Il y a bien ces plans du début qui sont un peu mystérieux ou encore ces scènes dans la forêt de nuit, où les ombres des branches des arbres semblent se mouvoir et se resserrer tel un étau de manière symbolique autour du personnage de Françoise.


En dehors de cela, il y a seulement des contours de fantastique qui viennent de la perception du monde qu'à Françoise, le réalisateur invite le spectateur a adopté son point de vue mais ça ne prend pas vraiment. On ressort assez vite de l'univers mental de l'héroïne, on prend de la distance et cela pose problème car tout ne semble finalement qu'illusion, sinon comment expliquer la situation de Christophe dans les dernières secondes ?


En tant que récit initiatique, La Morsure est plutôt un bon film, avec une certaine esthétique qui fait son charme, mais la volonté d'introduire des éléments fantastiques nuit à l'ensemble. L'histoire perd en force et en crédibilité et on aurait aimé une oeuvre avec plus de mordant.


Critique réalisée suite à la projection du film au 31ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer.

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