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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume [CRITIQUE]

Dixième opus d'une saga transmédiatique à la longévité surprenante, La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume de Wes Ball se présente comme l'un des blockbusters immanquables de cette année 2024 mais la promesse d'un divertissement à la hauteur de la dernière trilogie est-elle vraiment au rendez-vous ?

Noa, un chimpanzé, sur un cheval avec un aigle sur le bras devant une route et des bâtiments en ruine couverts de verdure - Affiche du film La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume





Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l'état sauvage et vivent en retrait. Alors qu'un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l'amènera à questionner tout ce qu'il sait du passé et à faire des choix qui définiront l'avenir des singes et des humains...







Commençons par le commencement avec la scène d'ouverture qui est tout simplement une petite merveille de puissance émotionnelle permettant de lier la trilogie préquelle à ce nouvel opus. Malgré un détail problématique sur lequel nous reviendrons plus tard, ce début pouvait laisser espérer un film tout aussi plaisant et intense que ses prédécesseurs.


C'est ce qu'il se passe dans la première moitié de ce Nouveau Royaume où le spectateur découvre un monde d'après où les singes ont fondé leurs sociétés au cœur même les vestiges de la civilisation humaine et tout paraît crédible. Les effets visuels sont une nouvelle fois très réussis dans l'ensemble, avec des singes extrêmement réalistes voire plus vrais que nature à l'image d'Anaya ou Sylva. Le tournage en décors réels apporte un vrai plus même si on perçoit à certains moments les ajouts numériques mais ça reste tout de même bien plus agréable à l'œil que d'autres superproductions.


Au premier plan, Anaya (Travis Jeffery), derrière lequel se trouvent Noa (Owen Teague) et Soona (Lydia Peckham) dans le film La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume
Au premier plan, Anaya (Travis Jeffery), derrière lequel se trouvent Noa (Owen Teague) et Soona (Lydia Peckham) © 20th Century Studios

Qui plus est, l'aventure et l'action sont bel et bien présentes et prenantes. Plusieurs scènes apportent même leur lot de frissons, le spectateur vit et ressent véritablement le moment, que ce soit avec l'attaque du village, la chasse à l'homme ou encore la scène du chant des aigles à la fin qui sont de purs moments de cinéma.


La bande originale contribue fortement à cela avec une musique omniprésente où les thèmes originaux de John Paesano côtoient les compositions de Jerry Goldsmith et de Michael Giacchino, avec notamment la reprise du thème principal du long-métrage de 1968 et ces notes au piano qui rappellent le thème "Apes Together Strong" de La Planète des Singes : Suprématie. Néanmoins, Paesano peine à proposer un thème marquant et reconnaissable qui reste en tête après le film mais livre malgré tout une belle musique.


En plus des clins d'oeil sonores, le réalisateur Wes Ball régale également le spectateur de références visuelles aux autres films de la saga, en particulier au premier film avec Charlton Heston, que ce soit avec la chasse à l'homme évoquée précédemment, l'entrée du "royaume" de César Proximus ou encore la fameuse prise de parole inattendue. Par ailleurs, s'il n'y a pas de scène post-générique, il y a quand même une petite occurrence sonore qui n'est pas sans rappeler celle de la fin de L'Affrontement et qui donne un indice sur le destin d'un personnage.


Des singes sur des chevaux sur une plage et devant une épave de bateau dans le film La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume
© 20th Century Studios

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume semble donc être l'oeuvre idéale pour les fans de la saga tout comme pour les amateurs de films d'aventure. Toutefois, si le film coche les cases du blockbuster et est effectivement divertissant, l'histoire, signée Patrick Aison, Josh Friedman et Rick Jaffa & Amanda Silver, les deux derniers ayant déjà signé les scénarios du Commencement (Rupert Wyatt, 2011) et de L'Affrontement (Matt Reeves, 2014), peine à convaincre.


En effet, La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume réserve peu de surprise, suivant un schéma narratif classique. Le héros, Noa, suit un chemin balisé typique du fameux "Voyage du héros", concept établi par Joseph Campbell et repris dans bon nombre de récits cinématographiques.


Dès lors, il n'y a rien de surprenant, notamment du côté des singes. Les nouveaux personnages ont des qualités et sont attachants, en particulier Noa et les membres de son clan dont Soona et Anaya, ou intrigants, comme le fameux Proximus César, et leurs interprètes respectifs Owen Teague, Lydia Peckham, Travis Jeffery et Kevin Durand livrent un bon jeu, tout comme les autres acteurs et actrices du film. Cependant, ils n'ont rien de transcendant et ne sont pas aussi forts que les personnages de la précédente trilogie.


Qui plus est, mais peut-être est-ce là une attente injustifiée en raison de suppositions, si Noa ne connaît pas l'histoire de César et qu'il n'a pas la même manière de penser et de concevoir la relation avec les humains, il faut bien avouer que la ressemblance physique est frappante, sans compter qu'une blessure lui fait avoir une marque à l'emplacement exacte de la tache de naissance de César. Il est bien dommage de ne pas avoir dans Le Nouveau Royaume des indications concernant les ancêtres de Noa. Ce serait étonnant de placer au cœur de l'intrigue un singe "banal" et il y a fort à parier qu'il soit un descendant de César, ou tout du moins un membre de sa famille.


De gauche à droite : Raka (Peter Macon), Noa (Owen Teague) et Mae/Nova (Freya Allan) © 20th Century Studios
De gauche à droite : Raka (Peter Macon), Noa (Owen Teague) et Mae/Nova (Freya Allan) © 20th Century Studios

Pour revenir à des éléments plus concrets, d'autres éléments narratifs ne sont pas satisfaisants, à l'image du twist final qui est plus invraisemblable qu'autre chose. C'est à ce moment-là que l'on se dit qu'il aurait finalement mieux valu avoir une histoire dans la continuité de Suprématie avec Cornélius, le fils de César, plutôt que de situer l'action 300 ans après au risque d'être incohérent, ce qui est malheureusement le cas avec ce laps de temps beaucoup trop grand.


Par ailleurs, quitte à parler de la manière dont les paroles et préceptes de César, devenu une figure christique, ont été détournés, autant le faire véritablement plutôt que de seulement effleurer cet aspect. En accordant plus de place au personnage de Raka et à la religiosité, cela aurait amené une dimension probablement plus intéressante et réflexive au film. De plus, il est regrettable que Raka et Sylva soient les seuls représentants de leur espèce respective, orang-outang et gorille, amenant un sentiment d'inachevé et de personnages seulement là pour remplir le quota et garder cette tradition de monter une civilisation simiesque avec trois genres de singes principaux, le troisième étant celui des chimpanzés.


Enfin, l'être humain est aussi un aspect problématique et cela débute avec la scène d'ouverture comme mentionné précédemment. En effet, l'absence d'un personnage clé de Suprématie n'est peut-être qu'un détail pour certains mais cela a en réalité une importance capitale au vu du propos autour de la relation entre singes et humains, qui n'est elle aussi que peu évoquée finalement.


Mae/Nova (Freya Allan) © 20th Century Studios
Mae/Nova (Freya Allan) © 20th Century Studios

Cela se poursuit avec le personnage de Mae (Freya Allan), qui se révèle surprenante mais qui amène beaucoup trop de questions et d'incohérences pour que l'histoire reste plausible. Qu'il s'agisse du bunker convoité par Proximus ou de ce qui est présenté dans la dernière séquence, rien ne va et le tout perd en crédibilité. La présence humaine est un élément crucial de la saga mais ici, il s'avère que le traitement se rapproche de celui des personnages de Raka et Sylva : il faut des êtres humains donc on va en montrer mais sans jamais se soucier d'un quelconque réalisme. Là encore, si l'intrigue avait pris place peu de temps après la mort de César, elle aurait mieux fonctionné et aurait été plus logique.


Il a été annoncé que Le Nouveau Royaume devait lancer une nouvelle trilogie, voire même toute une saga si l'on se réfère aux propos des scénaristes Rick Jaffa et Amanda Silver, ainsi que du réalisateur Wes Ball, qui évoque l'éventualité de faire plusieurs films, potentiellement 9 (!), afin de raccorder les wagons avec l'oeuvre culte de 1968. Au vu de ce qui est proposé dans ce dixième volet, une trilogie sera déjà amplement suffisante et il faudra rectifier le tir pour arriver à renouveler une saga qui semble être sur le point de s'essouffler.

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