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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

Le Mangeur d'âmes [CRITIQUE]

Dernière mise à jour : 5 juin

Septième long-métrage du duo Julien Maury et Alexandre Bustillo, Le Mangeur d'âmes, adaptation du roman éponyme d'Alexis Laipsker, est un film aux frontières des genres qui embarque le spectateur au sein d'une intrigue où les personnages sont confrontés à un engrenage diabolique qui marque les esprits.


image du film Le Mangeur d'âmes
© STAR INVEST FILMS FRANCE

La commandante Élisabeth Guardiano est chargée d’aller enquêter sur un double meurtre d’une rare brutalité dans une petite commune des Vosges. Sur place, elle rencontre le capitaine de gendarmerie Franck de Rolan qui fait face à une série de disparitions d’enfants. Impuissants face à un village hostile, ils vont être contraints d’unir leurs forces pour découvrir la vérité, une vérité terrifiante empreinte de légendes occultes…


Le Mangeur d'âmes est un film qui démarre lentement. Julien Maury et Alexandre Bustillo prennent le temps de mettre en place les personnages, la situation et les lieux, avec des plans d'ensemble filmés en décors naturels au drone faisant honneur aux paysages vosgiens. Il y a d'ailleurs tout un jeu avec les codes de l'imaginaire horrifique qui sont cohérents avec l'histoire, que ce soit avec les espaces naturels, propices aux histoires effrayantes, la légende du Mangeur d'âmes ou encore le sanatorium, un lieu emblématique des fictions d'horreur, qu'elles soient cinématographiques, littéraires ou vidéoludiques.


Une fois que tout le monde, spectateurs comme personnages, est au point avec les faits, les réalisateurs passent à la vitesse supérieure. Commence alors une enquête bien ficelée pour ce thriller sur lequel viennent se greffer des éléments horrifiques et fantastiques pour donner un ensemble surprenant mais diablement efficace. Le récit est fluide, avec des personnages bien écrits et qui ont tous une part de mystère en eux. Tout est dévoilé au fur et à mesure, jusqu'à un final inattendu et marquant.


Le talent de Maury et Bustillo, c'est de parvenir à créer des scènes fortes, tant visuellement qu'émotionnellement, et c'est le cas ici à plusieurs reprises. Il y en a une particulièrement délirante qui marque les esprits, la fameuse scène de ménage mettant en scène un couple où il y a un parfait équilibre horreur et humour. Le ton décalé fonctionne bien et donne un effet cartoon qui l'empêche ainsi d'être trop crue car, même si ça tache un peu et que ça va loin, ce n'est pas grand chose comparé au choc pur provoqué par les scènes gores et ultra sanglantes de A l'intérieur, leur premier film.


L'idée n'est pas de choquer, tout du moins pas au niveau de ce qui est montré mais plutôt de ce qui est suggéré et c'est sans doute là l'une des grandes forces du film. Si le fait de voir clairement les choses peut parfois être effrayant, les percevoir seulement en partie est tout aussi voire plus terrifiant. C'est ce qu'il se passe avec certaines révélations sur la fin ou bien avec la figure de ce fameux mangeur d'âmes, qu'on voit partiellement, tout du moins au début, et du point de vue des enfants, ce qui d'autant plus effrayant.


C'est d'ailleurs en cela que le film revêt une part de fantastique, avec cette créature issue d'une légende locale qui prend vie et dont le visage, tout du moins dans une ou deux scènes, est véritablement angoissant, avec un maquillage SFX qui donne un rendu crédible à mi-chemin entre l'homme et une créature monstrueuse. Cela s'accorde ainsi parfaitement à l'intrigue étant donné qu'on peut y percevoir une réflexion sur le mal et la violence dans l'esprit humain.


Ainsi, avec Le Mangeur d'âmes, Julien Maury et Alexandre Bustillo nous offrent un bon film, un thriller sombre, avec des scènes perturbantes dont ils ont le secret et qui ne laissent certainement pas indifférent.

Critique réalisée suite à la projection du film au 31ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer.

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