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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

Misanthrøpe [CRITIQUE]

9 ans après le délirant Les Nouveaux Sauvages, le réalisateur et scénariste argentin Damián Szifron continue d'explorer la nature humaine et la société avec Misanthrøpe, son premier thriller en langue anglaise qui ne laisse pas indifférent.



Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé, est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible.

La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine.

Eleanor, quant à elle, se trouve de plus en plus impliquée dans l'affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l'esprit de ce tueur si singulier…





La principale force de Misanthrøpe, c'est d'être avant tout un film d'ambiance où la tension est présente en permanence et ce dès la première séquence qui donne le rythme. La menace rôde tout autour, à la fois proche et éloignée. Personne n'est à l'abri et tout le monde peut être le coupable, ce qui permet au spectateur de mener l'enquête de son côté pour tenter de déterminer le profil du tueur.


Szifron propose d'ailleurs un film axé sur la réflexion plutôt que sur l'action. Celle-ci n'est pas totalement absente, comme en témoignent plusieurs scènes marquantes telles que celle avec le premier suspect ou encore celles du centre commercial et du climax, ce dernier prenant une tournure un peu surprenante, mais elle n'est pas centrale.


Misanthrøpe marque d'ailleurs les esprits avec des scènes chocs qui ne sont pas toujours forcément celles auxquelles on s'attend et qui vont à coup sûr déranger certains spectateurs.


De plus, alors que la version anglaise du titre - To catch a killer soit littéralement Attraper un tueur - peut laisser supposer un thriller plus actif, le titre français, très bien trouvé, annonce clairement la couleur : il s'agit de l'histoire d'un misanthrope au sens premier du terme. Tout l'intérêt repose sur le personnage du tueur et sur ce qui le distingue par rapport aux autres personnages mais aussi et surtout par rapport aux autres figures de tueurs dans les films.


Et l'idée de Szifron est de montrer qu'il s'agit finalement d'un être humain, pour lequel on se surprend à éprouver une légère empathie. Il présente une nature humaine plus complexe qu'il n'y paraît, sortant des stéréotypes et cela lui permet notamment de traiter dans un second temps de plusieurs sujets de société dont il est nécessaire de parler mais qui, pour certains, sont angoissants voire effrayants.


Le réalisateur se permet seulement de brèves pauses, quelques secondes hors du temps où les personnages retrouvent un semblant de vie normale où quelques répliques apportent une touche de légèreté au sein d'un univers bien sombre et froid qui n'est pas sans rappeler les polars scandinaves.


Mention spéciale à Shailene Woodley (saga Divergent, Nos étoiles contraires) et Ben Mendelsohn (Bloodline, Ready Player One, The Outsider), qui incarnent avec brio deux personnages qui sortent de l'image de l'héroïne ou du héros sans peur et sans défauts avec des traits de personnalité qui les rendent attachants et touchants, ainsi qu'à Ralph Ineson (The Witch, The Green Knight) qui apporte lui aussi une part de sensibilité à l'histoire.


Certains pourraient reprocher à Misanthrøpe des passages un peu trop bavards et pas assez dynamiques et c'est vrai que l'on pouvait s'attendre à plus d'action. Néanmoins, le long-métrage de Damián Szifron n'en est pas moins convaincant et il parvient à nous tenir en haleine jusqu'à la fin.


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