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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

Mystère à Venise [CRITIQUE]

Dernière mise à jour : 18 sept. 2023

Après Le Crime de l'Orient-Express (2017) et Mort sur le Nil (2022), Kenneth Branagh rempile en tant que réalisateur et acteur avec un troisième opus, Mystère à Venise, où le célèbre Hercule Poirot doit résoudre une nouvelle enquête où le surnaturel est de la partie. Une aventure intrigante en perspective mais est-ce vraiment le cas ?

Affiche mystère à Venise




Dans la Venise sinistrée de l'après-guerre, la veille de la Toussaint, un terrifiant mystère va marquer le retour d’Hercule Poirot sur le devant de la scène. En exil volontaire dans la Sérénissime, Poirot, désormais à la retraite, assiste à contrecœur à une séance de spiritisme dans un palazzo désaffecté et soi-disant hanté. Lorsque l’un des invités est assassiné, le célèbre détective se retrouve propulsé dans un monde inquiétant empli d'ombres et de secrets...





En situant l'action de son film à Venise, Kenneth Branagh avait tout pour faire un film réussi : un paysage magnifique, une ville propice à la mascarade avec la tradition des masques vénitiens et un décor mystérieux, ce palazzo supposé hanté suite à une tragédie liée à la peste.


Et pourtant, malgré tous ces éléments et un titre alléchant, le réalisateur et acteur britannique ne parvient pas à embarquer les spectateurs dans son histoire à cause de nombreux aspects qui ne seront jamais exploités.


Mêler du fantastique et de l'horreur au genre policier est une bonne idée car cela permet de donner une toute autre dimension et d'amener encore plus de tension dans l'intrigue. Cependant, le surnaturel est très léger, avec des jumpscares qui laissent totalement indifférents. Mystère à Venise repose un peu sur le principe de la maison hantée ou du train fantôme mais sans parvenir à susciter quelques frissons.


Par ailleurs, la présence du surnaturel permettait d'avoir un discours plus approfondi sur la question de la foi, d'autant plus avec un symbolisme religieux omniprésent qui ne sera jamais développé, notamment avec la pomme et cette horloge sur laquelle il y a un gros plan. Le film aurait gagné en intérêt en accentuant la question de la tentation par exemple, ce qui se retrouve dans une scène avec le jeu de la pomme dans l'eau et Poirot qui se laisse tenter mais ça n'ira pas plus loin et il manque ce petit plus mystique.

Kenneth Branagh dans Mystère à Venise
Kenneth Branagh dans Mystère à Venise © 20th Century Studios.

Pour en finir avec l'aspect surnaturel, l'action se déroule à Halloween, veille de la Toussaint et le spectateur s'attend à voir des masques et, étant donné que les personnages sont à Venise, ce sont principalement des masques vénitiens qui sont attendus, à l'image de ceux portés par les gondoliers. Mais le fait est que le film reste sur l'idée de masque au sens figuré bien plus qu'au sens propre et c'est bien dommage de ne pas profiter du lieu pour avoir des personnages portant des masques traditionnels. Il est question de l'épidémie de peste, pourquoi ne pas avoir mis un personnage avec un masque de médecin de la peste ?


En parlant des personnages, ceux-ci sont inintéressants. On ne s'attache pas à eux et, de ce fait, on perd l'intérêt de suivre l'intrigue. Un film d'enquête reste toujours un peu amusant car le spectateur se plaît à essayer de débusquer le ou les coupable(s). Ici, si l'histoire est prenante jusqu'au meurtre, ça s'essouffle par la suite et ça s'étire dans des dialogues barbants - bien que celui avec le docteur soit assez fort.


Qui plus est, certaines actions sont douteuses, notamment avec Poirot qui est censé être un détective hors pair et qui n'a pas d'autre idée en voyant de la vapeur d'eau que de mettre sa main sous le robinet et de la retirer précipitamment parce qu'évidemment l'eau est chaude. Drôle de réflexe pour le plus grand détective avec cette scène qui rend alors le personnage moins crédible.


La palme du personnage le plus inutile revient à ce pauvre cacatoès, qui est là mais qui ne sert strictement à rien et on se demande bien pourquoi il a eu une telle introduction si c'est pour le laisser complètement de côté par la suite. D'ailleurs, les quelques scènes avec des oiseaux interrogent étant donné qu'on a du mal à voir en quoi elles font avancer les choses.


Bien évidemment, tout n'est pas raté, et heureusement. Le film bénéficie d'effets pratiques et visuels réussis, tout ce qui est relatif à un fantôme en particulier est bien fait, et de bons décors, ce qui donne un certain réalisme et qui change des films usant de fonds verts à outrance.


Il y a également quelques plans, notamment au début du film, sur les canaux vénitiens qui valent le coup, tout comme quelques plans ici et là qui sont esthétiques mais qui auraient mérité, comme mentionné plus haut, un approfondissement par rapport à la symbolique de ce qu'ils présentent.


Avec Mystère à Venise, Kenneth Branagh tente une approche qui se veut plus sombre que les deux précédents opus en intégrant du fantastique et de l'horreur mais cela reste très léger et l'enquête perd de son intérêt. Plus d'action, plus de surnaturel et moins de bla-bla aurait sans doute permis au film de garder le spectateur plus investi. Une belle déception.

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