top of page
  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

Roqya [CRITIQUE]

Réalisé par Saïd Belktibia, membre du collectif Kourtrajmé, et produit par Ladj Ly, Roqya est un film ingénieux oscillant entre mystique et réalisme brutal avec une chasse aux sorcières moderne qui vaut le détour.


image du film Roqya
© ICONOCLAST - LYLYFILMS - FRANCE 2 CINEMA

Nour vit de contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs qui pratiquent la Roqya : une méthode de guérison occulte. Lorsqu’une consultation tourne mal, elle est accusée de sorcellerie. Traquée, elle devient la proie des habitants du quartier. Sa vie et celle de son fils sont alors en danger. Pour eux, la cavale commence…


La force de Roqya réside dans un élément essentiel : son histoire, qui se passe à notre époque, dans une banlieue quelconque où le réalisme et le mystique se conjuguent afin de garder toujours une part de mystère. Même si plusieurs indices permettent de déterminer s'il y a bien du fantastique ou non dans l'intrigue, le fait d'être sur un fil entre deux mondes, celui du réel et celui des croyances, contribue à l'ambiance si particulière du film et en fait toute sa singularité.


En effet, il y a bien un aspect mystique qui transparaît avec le personnage de Nour, brillamment incarnée par Golshifteh Farahani qui quitte l'habit de sorcière plus traditionnel qu'elle revêtait dans Pirates des Caraïbes 5 pour un style plus moderne mais aussi plus ambigu. En est-elle vraiment une ou n'est-ce que de la poudre aux yeux ? Ce qui est sûr, c'est que son personnage fascine et on s'attache rapidement à cette mère qui se retrouve ennemie public du jour au lendemain mais qui fait preuve de courage et de force face à l'adversité.


Aussi, le spectateur vit véritablement les scènes où elle est présente. On ressent par exemple de la nervosité, de la tension dans les différentes scènes de course poursuite qui sont longues et finissent presque par nous fatiguer autant que le personnage.


Qui plus est, la peur et l'horreur ne viennent finalement pas de là où on l'attend, ce qui donne lieu à des scènes qui, bien que non sanglantes, sont violentes, froides et crues, avec une brutalité et un danger venant de personnes ordinaires. La scène où Nour se fait sauvagement agressée est probablement la plus terrifiante de tout le film tant elle est réaliste mais l'une des scènes finales est également particulièrement dérangeantes.


En cela, Roqya dépeint une société où Nour doit lutter pour sa survie dans un monde d'hommes, qui sont pour la plupart représentés comme des ennemis, parmi lesquels son Dylan, son ex incarné par un Jérémy Ferrari bluffant dans ce rôle sérieux et à contre-emploi, tandis que d'autres personnages féminins la soutiennent et lui apportent de l'aide.


En ancrant son récit dans une réalité du quotidien, Saïd Belktibia fait de Roqya un film étonnant, à la frontière du réel et de l'imaginaire qui ne laisse vraiment pas indifférent.


Critique réalisée suite à la projection du film au 31ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer.

4 vues0 commentaire

Comentários


bottom of page