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SAG-AFTRA en grève : les acteurs et actrices dans la rue

On strike! C'est le mot d'ordre des scénaristes et également des acteurs et actrices aux Etats-Unis. Alors que la Writers Guild of America (WGA) est en grève depuis début mai, la Screen Actor Guild - American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA), le syndicat des acteurs et actrices, a rejoint sa consœur dans un mouvement d'opposition aux studios et plateformes de streaming le 14 juillet dernier. On fait le point sur la situation.


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© SAG-AFTRA

CONTEXTE


Aux Etats-Unis, certains corps de métiers du secteur culturel et du divertissement sont regroupés en "guilds", en syndicats. Il y a notamment la WGA pour les scénaristes, la DGA (Directors Guild of America) pour les cinéastes et la SAG-AFTRA pour les acteurs et actrices ainsi que pour certains artistes comme les chanteurs, les danseurs ou encore les marionnettistes. Ces syndicats signent un contrat de 3 ans avec l'AMPTP (Alliance of Motion Picture and Television Producers) qui représente les studios et les plateformes de streaming.


HISTORIQUE


20 mars : les contrats entre les syndicats et l'AMPTP arrivent à leur fin. Les syndicats se préparent pour les négociations et ce sont les scénaristes qui entament en premier les négociations.


17 avril : les membres de la WGA votent à plus de 97% l'autorisation de la grève dans le cas où les négociations n'aboutiraient pas.


1er mai : aucun accord n'ayant été trouvé, la WGA se met en grève.


10 mai : les négociations entre la DGA et l'AMPTP commencent.


5 juin : les membres de la SAG-AFTRA votent également à pratiquement 98% l'autorisation de grève si aucun accord n'est trouvé au terme des négociations.


7 juin : les négociations entre la SAG-AFTRA et l'AMPTP débutent.


21 juin : la DGA accepte les termes du nouveau contrat et signe son renouvellement jusqu'en 2026.


30 juin : il est annoncé que les négociations entre la SAG-AFTRA et l'AMPTP sont prolongés jusqu'au 12 juillet, 23h59.


12 juillet : à la veille de la fin des négociations entre la SAG-AFTRA et l'AMPTP, plusieurs articles partagent les propos de certains responsables de studio ou de services de streaming ou de collaborateurs de ces derniers qui annoncent leur volonté d'attendre que les scénaristes "commencent à perdre leur maison ou leur appartement" avant de reprendre les négociations à l'automne, ce qui n'a pas empêché les scénaristes de restés unis et de faire front face à ces remarques en continuant à faire grève.


13 juillet : aucun accord n'a été trouvé entre les deux parties. Le comité de négociation vote à l'unanimité une recommandation pour le syndicat de se mettre en grève. Le conseil d'administration de la SAG-AFTRA se réunit pour voter pour ou contre la grève. Fran Drescher, présidente du syndicat et actrice de la série Une nounou d'enfer, entouré par Duncan Crabtree Ireland et de plusieurs membres annonce une grève effective à partir du 14 juillet.


14 juillet : la SAG-AFTRA est officiellement en grève pour une durée indéterminée. Tout comme pour les scénaristes, le syndicat appelle les acteurs et actrices à venir aux piquets de grève et à manifester près des studios.


QU'EST-CE QUE ÇA IMPLIQUE ?


La grève est soumise à des règles précises que tous les membres du syndicat ont l'obligation de suivre.


La SAG-AFTRA a rappelé à ses membres leurs devoirs lors de la grève. Ainsi, les acteurs et actrices ne peuvent pas participer à des tournages, que ce soit en tant que rôle principal ou comme figurant, de la danse, du chant, des cascades. Ils ne peuvent pas non plus faire d'audition ou faire la promotion d'œuvres auxquelles ils ont participé que ce soit à l'occasion d'avant-premières, d'interviews ou de conventions.

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© SAG-AFTRA

Il est important de noter que cela s'applique uniquement aux films, séries, téléfilms ou autres œuvres liées aux studios et aux plateformes de streaming à qui s'oppose la SAG-AFTRA. En effet, les acteurs et actrices ont le droit de jouer dans des publicités (de parfum par exemple) ainsi que dans des films à très petit budget, des films étudiants. Les membres ont également le droit de faire du doublage, des livres audios, des podcasts ou de participer à des remises de prix et à certaines émissions télévisées tant qu'ils ne font pas la promotion d'une œuvre liée à un studio ou une plateforme de streaming contre lequel ils font grève.

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© SAG-AFTRA

De ce fait, ce sont les grosses productions cinématographiques et sérielles qui sont le plus impactées et qui se retrouvent à l'arrêt


POURQUOI LA SAG-AFTRA ET LA WGA SONT EN GRÈVE ?


Plusieurs requêtes ont été faites de la part des syndicats pour que les membres bénéficient de meilleures conditions de travail mais plusieurs d'entre elles ont été rejetées par l'AMPTP.


© SAG-AFTRA © WGA


Le sujet commun à la SAG-AFTRA et à la WGA, c'est l'Intelligence Artificielle et la régulation de celle-ci au sein de la création. Que ce soit dans l'écriture ou dans le jeu, l'IA est perçue comme une menace pour l'industrie cinématographique et audiovisuelle. Les syndicats demandent aux studios et plateformes de streaming de mieux réguler son usage. Dans les deux cas l'AMPTP n'a pas répondu favorablement aux demandes des syndicats mais assure avoir entendu et comprendre l'inquiétude des scénaristes ainsi que des acteurs et actrices. Cependant, un doute subsiste quant aux intentions des studios et des plateformes de streaming concernant l'usage de doublures numériques :


Les déclarations de la direction de la SAG-AFTRA indiquant que les doublures digitales des figurants pourraient être utilisées indéfiniment sans le consentement de la personne concernée ou de compensation sont fausses. Dans l'état actuel des choses, la proposition de l'AMPTP permet au studio d'utiliser la doublure numérique d'un figurant seulement dans le film pour lequel il est employé. Tout autre usage nécessite le consentement du figurant et une négociation quant à l'utilisation [de la doublure], sujette à une rémunération au salaire minimum.

Traduction du communiqué de l'AMPTP. Version originale à retrouver ici


S'il ne s'agirait donc que d'un remplacement "partiel", cela pose tout de même problème dans la mesure où cela permet aux studios d'employer moins de figurants, et probablement de faire ainsi des économies.


Parmi les demandes plus spécifiques, la WGA avait par exemple demandé une équipe de 6 scénaristes dont 4 scénaristes - producteurs pour l'écriture d'épisodes TV, ce qui a été refusé par l'AMPTP. Une grande partie des négociations tournait autour de la volonté de bénéficier de meilleurs contreparties financières dans le cas du streaming vidéo notamment.


La liste des propositions de la WGA est disponible en anglais ici.


Du côté de la SAG-AFTRA, dont les requêtes sont disponibles en anglais sur ce lien, plusieurs demandes concernaient également la rémunération minimum des acteurs et actrices, le syndicat souhaitant une augmentation de 11% tandis que l'AMPTP en propose 5. La SAG-AFTRA requiert aussi des compensations financières suffisantes pour les membres qui se retrouvent dans l'obligation de vivre temporairement dans un autre état en raison d'un tournage d'une série ainsi que de bénéficier de compensations plus justes pour le streaming vidéo. Plusieurs acteurs et actrices ont fait part de leur expérience en expliquant qu'ils avaient reçu moins de 1 dollar, parfois même seulement 1 cent ou 1 penny en compensation pour leur participation à une œuvre ayant du succès sur une plateforme de streaming par exemple.


L'AMPTP a rejeté des propositions de la SAG-AFTRA telles que celles demandant à ce que les artistes devant porter un corset serré ou d'autres costumes contraignants puisse bénéficier d'une compensation additionnelle à cause de la gêne occasionnée, celle portant sur une égalité de traitement entre les figurants de la Côte Est et ceux de la Côte Ouest ou l'augmentation des pénalités lorsqu'il n'y a pas de pause repas ou de temps de repos suffisant.


Malgré quelques accords provisoires, en particulier pour ce qui à trait aux auditions, la SAG-AFTRA et l'AMPTP n'ont pas réussi à trouver de terrain d'entente.


Que ce soit pour la WGA ou la SAG-AFTRA, l'un des objectifs reste le même : que les membres des syndicats soient payés à leur juste valeur et perçoivent des indemnités proportionnelles au succès de l'oeuvre à laquelle ils ont participé sans que tout aille dans les poches des dirigeants des studios ou des plateformes de streaming.


ET POUR LA SUITE ?


Avec les acteurs et actrices désormais en grève, avec de nombreuses personnalités présentes au cœur des manifestations parmi lesquelles Paul Dano, Kevin Bacon, Susan Sarandon, Bob Odenkirk, Jack Quaid, David Duchovny, Mandy Moore, Megan Boone ou encore Sean Astin, et une union entre les différents syndicats qui sont, quoi qu'on en dise, dépendant les uns des autres (sans scénario, pas de scènes, pas de dialogues et les acteurs ne peuvent pas jouer et sans acteurs et actrices en chair et en os, les dialogues et action ne peuvent pas prendre vie), on pouvait envisager que les studios et plateformes de streaming allaient reprendre les négociations plus rapidement que ce qu'ils avaient prévus mais il n'en est rien.


Aussi, si les productions des studios et des plateformes de streaming sont largement impactées par cette grève, les tournages ne sont pas totalement à l'arrêt pour autant. En effet, la SAG-AFTRA a dévoilé ce jeudi 20 juillet une liste de productions indépendantes dont le tournage va pouvoir reprendre grâce à un accord provisoire. Parmi les films concernés on retrouve Dust Bunny, le prochain long-métrage de Bryan Fuller avec Sigourney Weaver et Mads Mikkelsen, Death of a Unicorn, une nouvelle production A24 avec Jenna Ortega et Paul Rudd, The Rivals of Amziah King avec Matthew McConaughey ou encore The Summer Book avec Glenn Close.


L'été sera chaud, au sens propre comme au figuré, pour les membres de la SAG-AFTRA, de la WGA et de l'AMPTP. L'avenir de toute une industrie créative est en jeu et, sans accord entre les différents partis, le risque d'un déclin est grand et il est essentiel de l'empêcher. Mais, pour cela, il faut que les professions des artistes et créateurs soient davantage considérées et la route est encore longue avant que les sociétés représentées par l'AMPTP acceptent cela.


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