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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

The Batman [CRITIQUE]

Réalisée par Matt Reeves, cette nouvelle relecture de l'histoire de Batman propose une plongée encore plus sombre que les précédentes dans l'univers du célèbre justicier de Gotham. Une question se pose alors : The Batman est-il un film d'exception ou une énième version sans intérêt ?

Après avoir sillonné les rues de la ville sous l’identité de Batman et instillé la peur chez les criminels, Bruce Wayne a exploré les quartiers les plus mal famés de Gotham City. Conscient qu’il ne peut plus compter que sur quelques rares alliés de confiance – Alfred Pennyworth, le lieutenant James Gordon – parmi les notables corrompus de la ville, le justicier solitaire s’est imposé comme le seul citoyen capable d’obtenir vengeance. Lorsqu’un tueur s’en prend aux élites de Gotham City en mettant au point des crimes sadiques, un faisceau d’indices mystérieux plonge notre enquêteur masqué dans les bas-fonds où il croise la route de Selina Kyle, alias Catwoman, Oswald Cobblepot, alias le Pingouin, Carmine Falcone et Edward Nashton.


Tandis qu’il commence à acquérir la certitude que le criminel se trouve sans doute à Gotham City et qu’il voit désormais clair dans son jeu, Batman doit nouer de nouvelles alliances, démasquer le coupable et rétablir la justice dans une ville depuis trop longtemps en proie aux abus de pouvoir et à la corruption.


Dès l'annonce d'un nouveau film sur le personnage de Batman, on peut se dire : à quoi bon proposer une énième version d'un super-héros qui apparaît déjà dans un nombre important de films et de séries que ce soit en live-action ou en animation ? D'autant plus que la plupart de ces œuvres sont très bonnes voire proches de l'excellence et la crainte du film de trop se ressent.

Et pourtant, malgré les réticences qu'il y a pu avoir face au film en lui-même et au choix de son acteur principal - certaines personnes avaient du mal à imaginer Robert Pattinson dans le rôle du milliardaire justicier - force est de reconnaître que The Batman parvient à être original.

Outre le fait que sa durée en fait le film le plus long sur le personnage de Batman, c'est cette durée qui permet à Matt Reeves de prendre le temps de bien développer son histoire et ses personnages. Cela permet aussi de revenir sur le passé de la famille Wayne, sur des actes qui ont leur importance au sein de l'intrigue, sans pour autant que cela soit focalisé principalement sur l'assassinat des parents de Bruce.

Cependant, bien que la durée serve l'intrigue et que la lenteur permette d'apprécier particulièrement certains moments, il y a tout de même quelques longueurs et la fin se fait attendre une fois que le film a dépassé les deux heures.

Cette durée semblera d'autant plus longue aux fans d'autres franchises mettant en scène des super-héros de façon plus mainstream du fait que dans The Batman, il y a un mélange des genres et le registre super-héroïque en vient d'ailleurs presque à céder sa place au registre du thriller et du film noir avec une intrigue qui repose entièrement sur la résolution d'une enquête.

D'ailleurs, s'il fallait résumer le film avec un seul mot, noir ou sombre serait les termes les plus appropriés étant donné que la plupart des scènes se déroulent de nuit et, si elles ne se passent de jour, la lumière est terne ou absente, avec des actions se déroulant dans des lieux assombris où le gris et le noir règnent en maîtres, à la manière de la séquence d'hommage. Tout est ainsi fait pour que le spectateur ressente l'atmosphère lourde, pesante et sombre de Gotham, une ville en proie à des actes criminels de toute sorte dont tout concitoyen peut être victime.

Le thème musical principal du film signé par Michael Giacchino contribue également à cette atmosphère en faisant de Batman non pas seulement un vengeur mais bel et bien une menace mortelle pour les criminels de Gotham avec des notes qui ne sont pas sans rappeler celles de la "Marche Funèbre" de Chopin. Si en soit la musique est intéressante et, dans son ensemble, accompagne bien les scènes, le fait est qu'elle n'est pas réellement marquante et n'a pas la puissance, en particulier pour le thème principal, d'un thème comme celui de Danny Elfman dans le Batman de Burton (1989) ou du duo Hans Zimmer / James Newton Howard dans Batman Begins (Christopher Nolan, 2005) et The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008).

La force du film réside principalement dans deux éléments. D'une part, il y a le (très) bon casting : Robert Pattinson est un bon Bruce Wayne et en impose dès lors qu'il revêt son armure, Zoë Kravitz incarne une Catwoman qui illustre la délicatesse propre aux félins qui sont néanmoins prêts à sortir les griffes s'il le faut, Paul Dano est un Riddler inquiétant qui effraie par son naturel, le fait que ce soit seulement un citoyen comme un autre en apparence et Colin Farrell en Pingouin apporte une touche de légèreté avec son attitude et des répliques qui prêtent à sourire sans que cela soit pour autant ridicule.

D'autre part, on ne peut que saluer le travail de mise en scène de Matt Reeves qui propose des séquences avec des plans composés de manière intelligente. Le soin apporté à l'image se voit également au travers du travail sur les couleurs car si le noir est omniprésent, les jeux de lumières avec le jaune et le rouge notamment permettent de créer des plans visuellement magnifiques à l'image de ce plan iconique à la fin de la course poursuite entre Batman et le Pingouin.

Qui plus est, les combats sont très bien filmés et cela fait du bien d'avoir un film de super-héros où on peut suivre l'action sans subir un découpage composée d'une dizaine de plans pour un coup. Reeves choisit un montage qui parvient à être dynamique dans les scènes d'action sans pour autant que l'action devienne illisible et chaque changement de plan est justifié comme cela peut se voir par exemple lors de la bagarre dans la boîte de nuit. Le montage participe également à faire monter la tension petit à petit lors de plusieurs scènes, ce qui rend ces passages d'autant plus forts.

The Batman, c'est aussi un film dans l'ère du temps et dans un contexte où le "mal" n'est plus tellement incarné par une personne que par une pensée. Les actes du Riddler sont bien perçu par une partie de la classe populaire de Gotham qui rêve de changement. Cet état d'esprit général amène des membres de la population eux-mêmes à se révolter contre le système plutôt que de laisser une personne en particulier mener un combat solitaire. Batman ne se bat plus seulement contre des gens mais contre des idées et même si cela est latent dans l'histoire du chevalier noir, cela est d'autant plus explicite dans ce film.

Ainsi Matt Reeves livre un film sombre où Robert Pattinson livre une belle interprétation de cette figure super héroïque emblématique. The Batman est un film visuellement réussi mais qui manque de panache dans sa musique et qui pâtit de sa longueur.

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