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  • Photo du rédacteurLa Cinéphile

Vesper Chronicles [CRITIQUE]

Dernière mise à jour : 22 janv. 2023

La science-fiction est un genre qui inspire encore et toujours les réalisateurs et réalisatrices du monde entier. Avec Vesper Chronicles, la lituanienne Kristina Buozyte et le français Bruno Samper apportent une nouvelle pierre à l'édifice avec une œuvre originale axée sur la biotechnologie.


Dans le futur, les écosystèmes se sont effondrés. Parmi les survivants, quelques privilégiés se sont retranchés dans des citadelles coupées du monde, tandis que les autres tentent de subsister dans une nature devenue hostile à l’homme. Vivant dans les bois avec son père, la jeune Vesper rêve de s’offrir un autre avenir, grâce à ses talents de bio-hackeuse, hautement précieux dans ce monde où plus rien ne pousse. Le jour où un vaisseau en provenance des citadelles s’écrase avec à son bord une mystérieuse passagère, elle se dit que le destin frappe enfin à sa porte…




Vesper Chronicles, c'est avant tout de la SF comme on a peu l'habitude d'en voir et qui fait du bien. En choisissant de montrer un futur où l'humain a voulu jouer à l'apprenti sorcier et contrôler une nature qui s'est métamorphosée et où les organismes vivants ont pris le dessus sur la technologie, Kristina Buozyte et Bruno Samper adoptent une approche pour le moins étonnante.

En effet, alors qu'il est plus courant de voir une fusion de l'homme avec la machine qui donne naissance à un corps mécanique, c'est l'inverse qui se produit ici avec l'organisme vivant qui devient l'élément essentiel. Cette union de la technologie et du vivant est d'ailleurs parfaitement montrée au travers d'un plan au cadre soigné au début du film.

C'est en grande partie ce côté organique, notamment avec la flore sauvage modifiée qui est aussi belle que mortelle qui apparaît tout aussi vivante si ce n'est plus que les êtres humains, qui donne confère au film son atmosphère si particulière. Cela permet au duo de réalisateurs d'offrir une histoire qui oscille entre le merveilleux et l'horreur, avec quelques passages marquants et visuellement angoissants où les effets spéciaux et visuels sont parfaitement exécutés. Il n'y a aucun fond vert, ça se voit et que ça fait du bien de regarder un film de genre qui n'abuse pas des CGI. Tout semble si réel, si concret que l'on y croit et que l'immersion dans l'univers se fait naturellement dès les premières minutes.

Cet ensemble qui regroupe les genres fonctionne et on se retrouve ainsi face à une œuvre qui nous fait vibrer, qui nous fait ressentir des émotions. Le spectateur se retrouve dans un état d'esprit similaire à celui de Vesper et vit les scènes comme elle : lorsqu'il y a des moments où la tension monte, on ressent l'aspect pesant de la scène, lorsque c'est effrayant, un frisson nous parcourt l'échine.

Tout cela marche en partie grâce au rythme, qui n'est jamais ni trop rapide ni trop lent grâce à un montage dans lequel on perçoit de la précision et de la rigueur, avec chaque plan qui a été correctement pensé et agencé sans qu'il n'y en ai un en trop. Ceci va à l'inverse d'une tendance dans certains films, en particulier dans les blockbusters, où il y a une quantité phénoménale de plans qui, à la finale, ne racontent plus grand chose.

Mais un tel film ne serait pas ce qu'il est sans un bon casting et force est de constater que là aussi, il n'y a rien à redire tant les acteurs ne font véritablement plus qu'un avec leurs personnages. La jeune et talentueuse Raffiella Chapman (Miss Peregrine et les Enfants particuliers, His Dark Materials) incarne une héroïne remarquable et s'inscrit dans la droite lignée des grandes figures féminines de la SF. Richard Brake (Batman Begins, Le Dahlia Noir, Hannibal Lecter : Les Origines du mal) épate dans le rôle de Darius, un personnage aux antipodes de son répertoire habituel et où sa performance repose sur sa voix mais aussi et surtout sur son regard. Quant à Eddie Marsan (Gangs of New York, Ray Donovan, Sherlock Holmes), il incarne à la perfection Jonas, l'oncle de Vesper qui se révèle être un personnage particulièrement inquiétant, devenant une sorte d'image de l'humain qui est prêt à tout pour survivre, même au pire.

Il y a une certaine économie avec peu de personnages principaux, peu de lieux mais c'est ce qui fait la force du film car cela permet de se concentrer sur lesdits personnages, de s'attacher à eux au travers de scènes intimistes, de ces petits moments du quotidien qui sont néanmoins très révélateurs pour le spectateur et permettent, principalement au début du film, de poser avec intelligence le contexte de l'intrigue.

On peut regretter que certains aspects de l'histoire ne soient pas plus explorés, qu'il s'agisse des pèlerins, de l'ancien laboratoire ou de la Citadelle et de sa population, notamment les "chasseurs", qui sont peu présents mais dont la brève apparition marque les esprits. La séquence finale donne envie d'en voir plus et de poursuivre le voyage de Vesper qui ne fait que commencer. La composition musicale de Dan Levy accentue cet effet, avec un thème musical épique qui clôt à merveille cette aventure et dont les tonalités oscillent entre une certaine douceur et une ambiance sombre, oppressante - ce qui est d'ailleurs le cas pour l'ensemble de la bande originale.

Vesper Chronicles est un film qui saisit parfaitement des enjeux actuels et alerte le spectateur sans en faire trop et en reprenant des éléments scénaristiques traditionnels mais ô combien réalistes. A la manière d'un conte, c'est d'ailleurs ainsi Kristina Buozyte et Bruno Samper décrivent le film, une morale apparaît et incite à croire en l'autre, à agir dans un esprit d'entraide sans rien attendre en retour pour que des changements puissent s'opérer comme le font Vesper et Camélia plutôt que de continuer à suivre la logique des puissants qui semble si chère à Jonas qui ne fait pas la charité et pour lequel toute aide à un prix. ​

Ainsi, Vesper Chronicles est une œuvre saisissante conçue sur un univers comme on aimerait en voir plus souvent au cinéma. Un futur classique du genre qui sème les graines d’une nouvelle génération de longs-métrages de SF.

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